Culture et Chanson

Le temps qui passe est violent car il a, à ses côtés, son meilleur pote, l'oubli. Quand un artiste chante moins, voire ne chante plus, s'il n'y a pas d'entourage pour mettre en valeur son travail, il disparaît non seulement de la mémoire collective mais même de la mémoire d'un public fidèle. Ainsi va la vie. Dalida a pu compter sur Orlando et des milliers d'interprètes. La maison édition BC Musique fait un travail avec exceptionnel avec l'oeuvre d'Anne Sylvestre (au passage, on notera que l'oeuvre d'Anne Sylvestre, monumentale devient désormais aussi connue et reconnue que celle de Barbara dans la société française).

Sans entourage, sans interprètes, c'est compliqué. Très compliqué. Et cela peut être dommage parfois.

Mama Béa, avril 1982, Bobino

Sait-on que dans les années 70, Catherine Ribeiro et Mama Béa furent les chanteuses qui remplissaient le plus les salles en France ? Et là, on entend un 'Mama qui ?' Mama Béa. On dit aussi Mama Béa Tékielski. L'autre dame d'Avignon, avec Mireille Mathieu. Tout un symnbole de la diversité musicale de la chanson française. Chanteuse rockeuse, pas franchement adepte du couplet-refrain-couplet. S'il fallait ne retenir qu'une chanson de Mama Béa : 'Ballade pour un bébé robot' (1978). Magistrale, révoltée, serre nos coeur.

Rien ne dit que cette chanson sera interprétée par Bertrand Ferrier le 15 mars à Publico, en plein centre de Paris. Il n'en reste pas moins que cet artiste iconoclaste (au moins), reconnaissable entre mille, génial pour les uns, agaçant pour les autres, est le meilleur interprète (et le seul, sans doute ceci explique cela?) de Mama Béa à l'heure actuelle. Car il faut bien un fou pour chanter une folle. Et l'Art sans folie, est-ce encore de l'Art ?

Réjouissons-nous que le répertoire de Mama Béa continue de vivre, de s'épanouir, et peut-être même que l'initiative courageuse du sieur Ferrier pourrait susciter des vocations.